Image: Geneviève Darling (Lovestruck Prints), 2018.


On peut souffrir de l’intérieur et n’avoir aucun bleu sur le visage, aucune ecchymose à montrer. Difficile pour les autres d’imaginer ce qui se passe dans notre tête, de voir la tempête et les fusées qui traversent nos pensées. Nous continuons d’avancer, de réaliser nos tâches au quotidien. D’une manière plus lente, moins précise, plus lasse, sans que notre entourage ne le comprenne forcément. On ne le crie pas sur tous les toits. C’est quelque chose d’intime qu’on ne peut pas partager avec tout le monde. Nos bleus sont souvent invisibles et si on les rend publics, ils peuvent se retourner contre nous. La société préfère souvent ne pas les voir… Il est souvent plus facile de courir et de sauter pour prendre le train en marche, sinon on est montrés du doigt, étiquetés, ou bien invisibilisés, invalidés.

Comment décrire aux autres quelque chose qui se passe dans notre tête et que nous avons nous-même tant de mal à maîtriser ?

J’ai voulu faire ce livre pour tenter de faire comprendre aux gens en plein santé comment la vie des personnes en souffrance peut être plus difficile, pour contrer les fameux « mais bouge toi ! », « aide-toi et le ciel t’aidera ! », « Si tu veux, tu peux. »

J’ai fait et je fais toujours l’expériences de certains troubles de santé mentale. Ces troubles ont pu m’emmener au plus profond de mes abîmes. J’ai cru mourir, j’ai souffert. Mais en touchant le fond des océans, j’ai pu rebondir, atteindre la surface et sauter encore plus loin.

J’ai voulu faire ce livre pour que les personnes en souffrance ne se sentent pas seules, pour qu’elles puissent en parler autour d’elles, sans passer pour des folles. Pour qu’on les respecte, pour qu’on respecte leurs différences, leurs failles, leurs faiblesses qui souvent se transforment en pépites.

S’il n’y a pas de mode d’emploi pour vivre dans cette société qui amplifie souvent nos travers, nos troubles et nos maladies, on peut apprendre à prendre soin de soi et prendre soin des autres.

Cliquez sur les images pour les histoires correspondantes. Pour plus, le livre est disponible ici.

  • Lucile de Pesloüan évolue dans le milieu du livre à Montréal depuis sept ans. C’est sous le nom de Shushanna Bikini London, qu’elle a commencé à publier ses textes sous forme de fanzines en 2012, distribués autant dans les milieux alternatifs que dans les librairies traditionnelles. Elle a été finaliste deux fois au Prix Expozine pour ses fanzines Les histoires de Shushanna Bikini London, en 2012 et en 2014. Ses textes sont intimes, directs, poétiques et engagés. Elle a remporté un prix de l’Académie littéraire 2018 pour son fanzine Ce que je sais de moi. Elle a publié Pourquoi les filles ont mal au ventre ? Éditions de l’Isatis (2017) pour lequel elle a remporté le Prix Espiègle 2018 - Bibliothèques scolaires du secondaire (12 à 17 ans) et Les histoires de Shushanna Bikini London Éditions Rodrigol (2018). Son prochain livre, J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas… sortira en librairie le 30 octobre 2018.

  • À travers l’illustration, Geneviève Darling explore une vision personnelle d’un esthétisme doux et femme. Des valeurs féministes ainsi que la représentation de femmes queer sont aux coeur de sa démarche. La tendresse, le self-care et l’importance de faire une place aux émotions sont des thèmes récurants. Ses images se veulent accessibles, réconfortantes et sans compromis. Elle est aussi à la tête de la marque Lovestruck Prints.

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